30.12.09

L'ICÔNE COPTE DES ORIGINES?



Fresque de la Mère de Dieu"panagia", catacombes de Domitille, Rome, 4°s.


La fresque ci-dessus de la Mère de Dieu orante fut-elle l'inspiratrice et le modèle de bien d'autres icônes à venir?

Fresque de la Vierge en Gloire,
Monastère St Antoine (F)




29.12.09

SIGNE D'UNE PRÉSENCE



  "peribleptos" Macédoine, 14°siècle


L’icône n’est pas seulement l’Evangile en image, bien que sa valeur pédagogique ait de tous temps été reconnue par les Pères de l’Eglise. Elle est aussi une manifestation de la foi, un mystère, un sacrement de l’Eglise. Car l’icône ne fait pas que représenter une personne donnée ou un évènement précis, elle en suscite la présence mystérieuse .
Aussi les icônes sont-elles vénérées non dans leur réalité concrète mais pour leur modèle d’origine dans ce qu’il a de divin ou de saint. Ceci explique pourquoi ces tableaux font toujours l’effet d‘être quelque peu étranges, manquant de naturel. En effet ils ont valeur de symbole, la sainteté ou la divinité du modèle ne pouvant se rendre de façon visible, selon la fantaisie de l’hagiographe. Celui-ci doit au contraire se plier à certaines conventions qui laisseront transparaître le caractère inexprimable du divin. Ce n’est qu’à ce prix, dans le respect d’un certain équilibre entre les deux dimensions du portrait et du mystère qu’un tableau devient une icône.

Abraham Karl Selig in „ Die Kunst des Ikonenmalens
(traduit de l’allemand)

28.12.09

L’ICÔNE, EXPÉRIENCE COLLECTIVE



Vierge de la Passion "amolynthos"
1641 Grèce
... et sa version plus récente
   

26.12.09

ACHEIROPOIETA - χειροποίητα (Qui n'est pas fait de main d'homme)


"Des homélies en peinture mettant en évidence la beauté de la foi"


Mère de Dieu conductrice, "hodighitria" fin 13°s. Sinaï

Les icônes, fidèles à des critères esthétiques consacrés par la tradition, représentent des figures privées d’individualité rappelant ainsi leur statut d’image ACHEIROPOIETOS ("qui n’est pas faite de la main de l’homme ").
Elles sont originaires de l’orient chrétien, où elles sont saintes et vénérées. On les retrouve, dans les églises orientales, accrochées à l’iconostase, c’est à dire une cloison de bois qui sépare la nef (symbole du monde terrestre) du sanctuaire (symbole du royaume de Dieu).
C’est au Ve siècle qu’elles acquièrent leur statut de peinture destinée à la vénération, à l’occasion de l’arrivée à Constantinople du portrait de la vierge à l’enfant (HODIGITRIA) attribuée à St Luc. A cette époque, plusieurs auteurs dont St-Augustin confirment le développement du culte des icônes. Des sources attestent même que des propriétés miraculeuses sont attribuées à nombre d’entre elles.
C'est alors l'âge d'or de l'Empire byzantin qui va s'étendre sur tout le bassin Méditerranéen oriental. L'iconographie s'épanouit bientôt dans les ateliers des monastères, puis à la cour impériale et dans maints ateliers domestiques.
St Jean Damascène, à qui l’on doit la rédaction de trois traités sur les images sacrées en 730, nous dit d’ailleurs " qu’elles renferment un mystère et, comme un sacrement, sont porteuses d’énergie et de grâces ".

Nigel Cawthorne – SOLAR (en ligne)

25.12.09

"LA VIERGE MARIE" EN PAYS ARABES, "AGNI PARTENE" عذراء يا أم الإله



Fresque du dôme de Hagia Sophia, Istanbul
"hodighitria" (Celle qui montre le Chemin), 6° siècle 


Hymne acathiste arabe byzantine "AGNI PARTHENE" à la Mère de Dieu, composée en grec par Saint Nectaire d'Egine et chantée en langue arabe par Joumana Al Farr Daniel.

"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter la joie comme nulle autre"
P. Lev Gillet, moine de l'Eglise d'Orient à Egine,Grèce

http://youtu.be/IomxvOTf-So

LA SYMBOLIQUE DES COULEURS



Vierge de Tendresse "glykophilousa"
d'après un modèle du 14°s. Mont Athos, Grèce


Depuis la Querelle des icônes au 8° siècle la couleur a dans l’iconographie revêtu la fonction de symbole. Jusqu’alors seules les couleurs impériales (le bleu et la pourpre) s’imposaient à côté du blanc dans la symbolique religieuse. A noter cependant que dans l’iconographie la valeur symbolique des couleurs reste approximative car une même couleur peut avoir des significations variées.
Le jaune, l‘orange et l’or rejoignent le blanc pour évoquer la Résurrection ou la Transfiguration.
Le rouge et le pourpre symbolisent sur un vêtement la gloire et la royauté divines, mais aussi bien, puisque couleur du sang versé, la domination sur la mort. Ces couleurs dans toutes leurs combinaisons seront donc aussi celles des martyrs.
Le vert, couleur de la terre, se rencontre souvent sous le manteau rouge du Christ pour souligner sa nature humaine.
Le bleu s’utilise comme fond pour figurer le ciel, l’éternité ou le désir du ciel.
Le brun, couleur de l’humus, symbolise humilité, acèse et modestie, de même que le mélange de noir et de bleu.
La couleur des vêtements de la Vierge varie donc normalement entre pourpre, rouge foncé et brun foncé, évoquant ainsi toujours la royauté et la majesté. Lorsque son manteau est noir, il est signe de souffrance. La bordure dorée de son manteau indique qu'elle est reine et qu'elle a été l'objet de grâces particulières.
Dans tout cela l’harmonie des couleurs doit être respectée, ce qui influe beaucoup sur le choix de la palette. Cette considération réaliste a l’avantage d’empêcher le personnage représenté de devenir une abstraction idéalisée en le resituant au contraire dans le contexte de ce monde.

D’après Abraham Karl Selig in „Die Kunst des Ikonenmalens“
(traduit de l’allemand)

INSCRIPTIONS SUR LES ICÔNES


MP ΘY    IC XC 
(Mère de Dieu)   (Jésus Christ)




Le rôle d'évangélisation des icônes se manifeste particulièrement dans la variété de langues des inscriptions qu'on y lit. L'Eglise a le devoir  d'évangéliser tous les peuples (Mt. 28,16-20) en s'exprimant dans la langue qu'ils comprennent. Il n'y a donc pas dans ce domaine de langue universelle. La langue liturgique est celle du peuple concerné et il n'y a en conséquence pas de langue spécifique aux inscriptions des icônes. Ainsi la compréhension du mystère se trouve simplifiée et accessible au priant quel qu'il soit.

Archiprêtre orthodoxe Sergius Heitz in "Predikt zum Fest der Erzengel", Düsseldorf, 1996
(traduit de l'allemand)

ICÔNE ET IMAGE



Adoration des Mages,
catacombes de Priscille, 4° s., Rome


L'icône est un moyen d'évangélisation déjà identifié dès les premiers temps de l'ère chrétienne. Dans les catacombes romaines on pouvait distinguer entre l'icône sacrée, véhicule de la Grâce, et l'image religieuse dont le but était l'instruction religieuse des illettrés, comme on le retrouvera plus tard sur la pierre des cathédrales.
Cette différence entre le sacré et le religieux justifie pour l'Eglise orthodoxe la tradition du baiser, des bougies et de l'encens attachée au culte de l'icône. Ce culte fut lui-même défini en 787 par le concile de Nicée qui soulignait par ailleurs la différence fondamentale existant entre l'adoration due à Dieu seul et la vénération du sacré, non pour lui-même mais pour la personne sainte qu'il représente.

Source ?

24.12.09

ICÔNE DE POKROV



Vierge protectrice de Pokrov,
prototype, Moscou


"Sous l'abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l'épreuve,
mais de tous les dangers délivre-nous toujours,
Vierge glorieuse, Vierge bienheureuse."
(Liturgie des Heures)

Le prototype de Pokrov, Moscou, contient deux événements historiques: la vision de Saint André le fou qui vit la Vierge couvrir de son voile le peuple qui se tenait là (personnage en bas à droite). Au centre debout sous la Vierge se tient Romanos le mélode, diacre, et problablement créateur de l'hymne acathiste (chanté debout en oraison dans l'Eglise orthodoxe).

Atelier Notre-Dame (F) (en ligne)

LA THEOTOKOS, MÈRE DE DIEU


Mère de Dieu de Sedmiezernaya (Kazan)


La Mère de Dieu, solennelle et majestueuse, présente l'Enfant aux traits de visage adulte, la main droite levée pour bénir, signe divin, et tenant la Parole dans la main gauche, sous la forme d'un rouleau de parchemin.
Ainsi se trouve préfigurée la mission du Sauveur d'ouvrir aux hommes la voie du salut.
Les trois étoiles sur la tête et les épaules de la Vierge sont le signe de sa virginité avant pendant et après l'accouchement.
L'expression de son visage suggère l'acceptation confiante. Sans doute pressent-elle la portée de son "Fiat"?
Les deux médaillons placés au dessus de sa tête signifient : MP ΘY ((MHTHP ΘEOY, Mère de Dieu)
Sur les côtés de la Vierge on peut lire à gauche: ΚΎΡΙΑ ΤωΝ ΑΓΓΕΛωΝ (Reine des anges) et à droite:
ΠΑΝ ΤωΝ ΧΑΡΑ (Joie des hommes).
Des deux côtés de l'auréole du Sauveur on peut lire: IC  et XC (IHCOUC XPICTOC, Jésus Christ)

LA VIERGE NOIRE DE POLOGNE



Vierge noire de Jasna Gora, 10°s.,
Czestchowa, Pologne

C'est à Jasna-Gora, haut-lieu du culte marial en Pologne, que l'on vénère l'icône byzantine du 10°siècle connue sous le nom de «Vierge Noire », (devenue Notre Dame de l'Europe le 15 août 1991) représentant la Vierge portant Jésus enfant sur le bras gauche.
C'est l'icône elle-même qui attire les foules de pèlerins. Celui qui regarde l'icône se trouve immergé dans le regard de Marie, il regarde Marie qui le regarde. Ce sanctuaire a eu une importance dans l'identité nationale polonaise, mais son rayonnement dépasse les frontières. 
Selon la légende, le tableau aurait été peint par saint Luc l'Évangéliste sur une planche de cyprès. Il fut rapporté de Constantinople vers 1382 par le duc Ladislas d'Opole. Pour l'abriter,le duc fit ériger une église et le monastère des Paulins au sommet de la butte calcaire. L'ordre en a assuré la conservation depuis.
En 1430 le monastère fut totalement ravagé et pillé, l'image sainte profanée par des coups de sabre. Lors de sa restauration, c'est volontairement qu'on laissa apparaître la marque des deux balafres.

Paroisse d'Ermont (Oise)
in Dossier du Pèlerinage en Pologne

23.12.09

LE DEESIS



"Deesis", 12° siècle,
Monastère Sainte Catherine, Sinaï

Le Deisis (Δέησις) est un thème iconographique de l'Eglise byzantine représentant le Christ entre la Vierge de l'Intercession (deesis) et saint Jean-Baptiste qui intercèdent auprès du Christ pour l'humanité. Marie, à la droite du Christ, ouvre la Nouvelle Alliance en présentant le Sauveur; Jean-Baptiste le Précurseur, à gauche, scelle l'Ancienne Alliance.

D'après Marie Lavie, iconographe (en ligne)

Marie est saluée par l’ange, comme étant plus que toute autre aimée de Dieu et comblée de grâce. Elle se trouve dans la lignée des élus (Abraham, David, Jean-Baptiste…) et elle les surpasse tous. Elle est la nouvelle Sion, la vraie Jérusalem que Dieu gratifie particulièrement de son Amour et de sa Présence (Zef 3, 14-16; Sach 9,9). Ce que l’ange dit à Marie à propos de Jésus (Luc 1, 31-33) surpasse de loin ce qu‘il avait dit à propos de Jean (Luc 1, 15-17). Son titre et son nom l’identifient comme le Messie promis de la fin des temps, celui qui rétablira l’unité de Juda et d’Israël et régnera sur tous les peuples pour l’éternité. Il est le fils de la Vierge Marie, vrai homme participant pourtant du Divin (Luc 1, 35). A l’inverse de Zacharie, incrédule, (Luc 1, 20), Marie répond à la nouvelle de l’ange par ces simples et belles paroles: „Qu’il me soit fait comme tu l‘as dit.“ (Luc 1, 38)

Synode des évêques des pays germaniques in "Schott-Messbuch -1"
(traduit de l'allemand)

LA VIERGE D’IVERSKAJA



Iverskaya "Hodighitria"
1535, Mt Athos,Grèce


Le nom Iverskaya de cette icône de la "Vierge directrice", l'une des plus anciennes conservées, vient de celui du Monastère du Mont Athos où elle arriva miraculeusement en 999 après avoir longtemps flotté sur la Mer de Marmara.
Une pieuse veuve de Nicée (aujourd’hui Iznik) l’avait en effet confiée à ses eaux à l’époque des persécutions iconoclastes du 9° siècle.
En 1648, on en porta à Moscou la reproduction ci-dessus. Les guérisons et faits miraculeux se répétèrent à Moscou, comme cela se produisait au Mont Athos, au monastère d’Iverski. Aussi cette icône fut-elle entourée d’une grande vénération.

D'après Maria Donadeo in "Icônes mariales russes"

L'ICONOGRAPHIE... UNE VOCATION DE SAINTETÉ



"Aghiosoritissa" (Deesis seule),
Vierge de l'Intercession, 15° siècle,
Cathédrale de l'Annonciation, Kremlin, Moscou


Comment les iconographes peuvent-ils répondre à une vocation aussi élevée - laisser Dieu s'exprimer à travers leurs icônes? En travaillant ensemble en état de grâce, tout en menant une vie sainte et pure dans la simplicité. Et comment vivre saintement?  La plupart des saints passent leur vie à servir Dieu par-dessus tout, et s'acharnent à vaincre leur égocentrisme (empêchant la Parole de s'exprimer à travers eux) par le jeûne, l'abstinence, la prière, la fréquentation des Saints Mystères, la charité; en cultivant une attitude spirituelle d'humilité, de patience, de joie, de paix et d'amour. La vie monacale en est l'expression, parfois aussi l'écriture d'icônes qui laisse Dieu parler directement et clairement à tout homme aujourd'hui.

Frère W. H. Mac Nichols in Andrey Rublev's icons (en ligne)
(traduit de l'anglais)

ANDREÏ ROUBLEV, MOINE ICONOGRAPHE


Andreï  S. P. Roublev
Andreï Roublev est largement considéré comme le plus grand iconographe russe. Ses oeuvres étaient déjà reconnues de son vivant et au 16° siècle l'Eglise Orthodoxe russe les a élevées au rang de prototypes iconographiques, au même titre que celles de Théophane le Grec qui avait été son professeur.
On ne sait malheureusement que peu de choses de la vie de Roublev, et ce peu sans aucune certitude. La première mention de lui date de 1405 lorsqu'il décora de fresques et d'icônes la Cathédrale de l'Annonciation du Kremlin à Moscou.
Andrey Rublev naquit entre 1360 et 1370 et mourut en 1430. Il semble qu'il ait été moine au monastère de la Trinité-Saint Serge à Zagorsk et à celui de Saint Andronikov à Moscou où il fut aussi enterré.

Victor Potosknev in The Russian Art Gallery" (en ligne)
(traduit de l'anglais)

CHÂSSE DE LA VIERGE A CONSTANTINOPLE




Vierge orante des Blachernes, Istanbul


La "Blachernitissa" est ainsi nommée d'après une ancienne châsse de Marie à Constantinople. La Mère des Grâces nous fait face, les mains levées vers le Ciel en attitude de prière. D'où son nom de Vierge orante.Cette représentation est inspirée de la Pietà.

Sr. Marcia Vinje in The Marian Library (Dayton, Ohio)
(traduit de l'anglais)

22.12.09

LANGAGE PICTURAL DE L'ICÔNE



Vierge du Don "Umilyenye",
selon le prototype de Théophane le Grec,1392

De tout temps, on a attribué aux icônes le pouvoir de faire des miracles de libération et de guérison. Des représentations de la Vierge Marie et de saints sur fond doré attirent notre attention sur l'existence d'une réalité spirituelle supraterrestre. Les peintres évitaient de représenter tout ce qui pouvait évoquer l'idée de spatialité et de temporalité, respectant des types picturaux définis, transmis des siècles durant dans des manuels à l'usage des artistes afin que le croyant, quel que soit l'endroit où il se trouvait, comprenne immédiatement le langage pictural de l'icône qu'il contemplait. Les icônes, fidèles à des critères esthétiques consacrés par la tradition, représentent des figures privées d’individualité rappelant ainsi leur statut d’image ACHEIROPOIETOS ("qui n’est pas faite de la main de l’homme ").
Et pourtant aucune icône n'est tout à fait identique à une autre.
L'icône n'est pas une peinture, mais une écriture sacrée. On écrit une icône. L'icône n'est que rarement signée : elle appartient à Dieu, puisque la main de l'homme la réalise "sous l'inspiration de Dieu ou du saint représenté". St Jean Damascène, à qui l’on doit la rédaction de trois traités sur les images sacrées en 730, nous dit d’ailleurs qu’"elles renferment un mystère et, comme un sacrement, sont porteuses d’énergie et de grâces ".
L'écriture d'icône était, a toujours été considérée comme "un cheminement vers la perfection" et s'accompagne d'un certain rituel. C'était la principale occupation des monastères où le silence est de rigueur. L'icône est plus qu'un simple objet de culte, c'est une fenêtre sur l'autre monde.
Selon le théologien et iconographe Ouspenski, "elle ouvre une vision immense qui embrasse le passé et l'avenir dans un présent constant".

Nigel Cawthorne –SOLAR (en ligne)

L'ART DES ICÔNES



Crucifixion, fin15ème ou début 16ème s.
by 
Dionissi 


Le mot icône provient du mot grec eikon qui signifie image. Les plus anciennes sont byzantines et datent des 5°-6° siècles. Dès le 8° siècle les icônes russes sont peintes sur bois (souvent du tilleul) encollé de tissu avec de la colle d'esturgeon et recouvert d'un mélange crayeux (levkas). Les dorures sont faites à la feuille d'or et la peinture, de la détrempe à l'œuf à base de pigments minéraux, appliquée avec un pinceau en poils de martre. La peinture est couverte d'huile de lin (olifa) qui donne à l'œuvre une profondeur incomparable mais a tendance à noircir avec le temps.
C’est au 15° siècle que les artistes commencent à se servir de peinture à l’huile.
Les peintres d'icônes les plus célèbres sont Théophane le Grec (vers 1340-1410), Andreï Roublev (vers 1360-1430) et Dionissi (vers 1440-1508).

21.12.09

TITRES DE LA MÈRE DE DIEU



Mère de Dieu "Donskaïa" 1668 


Les titres sont apposés en grec ou en russe sous les initiales du nom, à hauteur de tête.
Ils sont indiqués entre parenthèse dans les légendes pour une plus simple identification des icônes:

MP ΘY (MHTHP ΘEOY, Mère de Dieu)

De nombreuses icônes grecques, et plus souvent encore russes, sont identifiées d‘après un lieu auquel l’original était plus particulièrement rattaché: ... de Vladimir (Vladimirskaya), ... de Kazan (Kazanskaya), … de Don (Donskaya), … etc.
Les différents types d'icônes classées d'après leur titre montrent des différences parfois minimes: position de la jambe, orientation du regard, couleur du vêtement. En effet il ne s'agit pas pour l'iconographe d'exprimer sa propre personnalité. L'icône est une prière qui doit laisser s'exprimer le Saint-Esprit.

THÉOPHANE LE GREC



                Fresques de l'iconostase, 
 cathédrale de l'Annonciation, Kremlin, 1405


Il ne reste que peu de témoignages de l'art iconographique moscovite de la fin du XIVe siècle.
Les rares icônes de cette époque présentent encore l'influence byzantine et l'assimilation de l'esthétique des Paléologues.
En 1395, à la fin de la construction de l'église de La Nativité-de-la-Mère-de-Dieu, arriva à Moscou Théophane le Grec, pour peindre des fresques en association avec Tchiorny et Roublev.
Moine formé au Mont Athos et à Constantinople, né vers 1330, il semblerait qu'il soit arrivé en Russie, à Novgorod, dans les années 1380, où il peignit pour l'église du Sauveur-de-la-Tranfiguration, premier travail mentionné dans les annales de Novgorod et encore visible de nos jours.
Ses plus célèbres réalisations furent, également en collaboration avec Roublev (dont on ne sait véritablement s'il fut un élève ou un co-acteur), les fresques en 1405 de la cathédrale de L'Annonciation au Kremlin. Les peintures furent achevées en une année et on suppose qu'ils peignirent ensemble les icônes de l'iconostase,Théophane se chargeant des plus grands panneaux (environ 2m de haut).
On est désormais certain qu'à Moscou, Théophane dirigea un très grand atelier avec de nombreux élèves et disciples.
Il manifesta également son art dans les techniques de l'enluminure de manuscrits.
Il influença les techniques et l'art des artistes locaux et, en  s'imprégnant pendant plus de trente ans de la spiritualité slave, il donna naissance à une iconographie purement russe.
Avant d'être un fresquiste et un dessinateur, Théophane est surtout un peintre. Il lui arrive souvent de corriger ses lignes de dessin en peignant.
Il est surtout reconnu comme étant l'interprète de la lumière : il pose des lignes blanches fermes et assurées sur  les visages et les drapés comme dans l'icône de La Dormition qui est le verso de la célèbre Vierge du Don (Donskaïa) peinte durant la période "novgorodienne" de Théophane le Grec, vers 1390.

Théophane serait décédé au début des années 1400.

www.orthodoxie.com

20.12.09

FONCTION DE L'IMAGE SELON LES PÈRES DE L'ÉGLISE




Vierge à l'Enfant et Balaam montrant l'étoile,
catacombes de Priscille, Rome,4° siècle


"Tue-moi, mais de grâce, ne brouille point cela
(Archimède à un barbare méditant sur une figure géométrique.)

Rocher du lac de la Grande Prespa, Kastoria, Grèce















De même dans l’icône le respect de l’image atteint un sommet qui frappe l’imagination. Nous sommes dans une situation limite où la représentation prend une valeur extrême. Cette valeur, c’est celle d’un refuge de la connaissance.
Ainsi la tradition des Pères de l’Eglise accorde une importance particulière à la vue dans la prédication de la vie chrétienne:
„Parmi nos sens humains la vue est celui qui a la plus vive acuité de perception des choses sensibles“     (Saint Basile le Grand)
La fonction de l’art n’est pas la simple délectation. "L’image doit encourager la vertu, elle n’a pas à séduire." (Saint Nil le Sinaïte)
La tradition chrétienne de l’image paraît insister sur certaines fonctions simples de la peinture: la peinture fait du bien parce qu’elle raconte l’aventure de l’Eglise."Par des couleurs, avec art la peinture muette
parle sur les murs et fait beaucoup de bien"
(Saint Grégoire de Nysse)
  
Philippe Sers in Icônes et saintes images

19.12.09

NOS LIENS



Vierge à l'Enfant 19°s., Tigré, Axoum, Ethiopie


http://escapamargue.blogspot.com/ la Vierge et l'Eglise catholique (les textes)

http://iconalbaron.blogspot.com/ l'Eglise d'Orient byzantine, russe, copte

Chantal Kunz-Bagros