Vierge de Vladimir, 1er millénaire Constantinople, puis Kiev |
Les Pères placent le commencement de l’Église au Paradis. Dieu "venait dans la fraîcheur du soir" (Genèse 3,8) pour converser avec l’homme. L’essentiel de l’Église s’exprime ainsi dans la communion entre Dieu et l’homme et culmine dans le mystère de l’Incarnation, la communion totale du divin et de l’humain réalisée dans la Personne du Verbe.
Sauf en de rares exceptions (Orante, Pokrov), l’icône de la Vierge la présente toujours avec l’Enfant ; en fait, c’est l’icône justement de l’Incarnation ou de l’Église, la communion ultime du divin: l’Enfant-Verbe, et de l’humain: la Mère. Avec un art incomparable et la plus grande sobriété, l’icône de Vladimir décrit ainsi le bouleversant amour réciproque, la Philanthropie divine, "l’amour fou" de Dieu pour l’homme, et en réponse, toute la passion de l’homme pour son Dieu. C’est le désir prééternel de Dieu de devenir Homme, pour que l’homme devienne dieu. L’icône nous offre ainsi la contemplation d’un mystère de Dieu lui-même.
Sur l’icône de Notre-Dame de Vladimir, le regard de la Mère grandement ouvert sur l’infini est en même temps tourné au-dedans. Il parle de sa pitié immense comme le ciel envers la souffrance, fait inéluctable de l’existence humaine et qui suscite la Croix. D'innombrables âmes ont porté leur souffrance devant cette icône depuis tant de siècles. Les yeux de la Mère suivent le destin de tout homme, rien n’interrompt son regard, rien n’arrête l’élan de son cœur.
Paul Evdokimov, théologien orthodoxe
in " Une théologie de la vision"
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