8.8.11

LA SAINTE MONTAGNE



La Cène, peinture murale 
monastère de la Grande Lavra, Catholicon, Mont-Athos

À la fin du 1er millénaire, l'Église va ériger au centre de son espace charismatique un haut-lieu de prière et de transfiguration: le mont Athos, montagne dans la mer, un de ces lieux où la nature s'offre sanctuaire. Au contact du monde grec et du monde slave, relié par la Méditerranée aussi bien aux patriarcats apostoliques qu'à la chrétienté latine, l'Athos semblait prédestiné à devenir le coeur de l'Église qui se définit surtout comme un mystère de déification.
Une légende caractéristique donne à ce lieu "cosmique" son accomplissement chrétien: la Vierge, peu avant son Assomption, aurait visité l'Athos, l'aurait béni, élu comme son jardin clos.
Au sommet de l'Athos s'élève maintenant une chapelle de la Transfiguration où chaque année, le 6 août, les moines viennent allumer un immense feu. Depuis des siècles, semble-t-il, des ermites vivaient sur la péninsule.
Au 10° siècle apparaissent des monastères sur la sainte montagne, grâce à un grand fondateur, saint Athanase de l'Athos, qui entreprend en 963 la construction d'une Laure (le monastère de Lavra). La règle y sera inspirée de celle de Théodore Studite, mais influencée de celle de saint Benoît. Bientôt les moines y affluent de tout le monde chrétien: Grecs, Géorgiens, Italiens, Slaves du Sud, Russes et Serbes.
Au moment où de nouveaux peuples sont évangélisés, où la liturgie est traduite en langues nouvelles, au moment donc où, au 15° siècle, l'Empire byzantin cesse de constituer le cadre oecuménique de l'Église orthodoxe, l'Athos gardera à travers l'époque moderne son rôle unifiant.

Olivier Clément,
théologien orthodoxe, très engagé dans l'oecuménisme,
in "L'essor du christianisme oriental" éd. Desclée de Brouwer

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