En Occident on compare souvent saint Jean de Cronstadt à saint Vincent de Paul ou au curé d’Ars : vingt heures par jour, Jean de Cronstadt transmettait aux pauvres et aux désespérés l’amour qu’il recevait de Dieu par une vie de prière intense. Il fut un père spirituel hors du commun, un confesseur infatigable, un prédicateur énergique, un bâtisseur d’œuvres sociales, un fondateur de monastères. Il demeura jusqu’à la fin l’homme du peuple qu’il était, simple, humble, bon et doux : "Je me tiens moi-même pour le prêtre le plus insignifiant de Russie" disait-il de lui-même. Sa sainteté étant reconnue de tous, sa canonisation fut retardée par la révolution et le régime communiste, mais dès 1964, l’Église russe hors frontières décide de le canoniser. Le 8 juin 1990, le patriarcat de Moscou le canonise à son tour.
Le père Jean était porteur de la joie pascale, il était considéré comme un
prêtre pascal. Son œuvre principale, Ma vie en Christ, est un livre composé à
partir de son journal intime. [...] Le leitmotiv de cet ouvrage est la liberté
de l’homme, son acquisition par l’expérience et la probation de la vérité du
Christ à travers l’épreuve de la vie quotidienne, qui se résume au centre du cœur
de l’homme. Il appelait à l’affranchissement des soucis de ce monde par l’amour
et la charité. Le p. Jean n’avait rien d’un philosophe, c’était un témoin du
Christ vivifiant et de la vérité de la vie en Christ. "Le vrai baromètre de notre vie spirituelle, disait-il, c’est
notre cœur, et on peut aussi le considérer comme une boussole." Le p.
Jean était avant tout un homme de prière. Il donnait à l’office le sens d’un
service de Dieu pour les hommes, auquel nous répondons par notre office
liturgique, en tant qu’œuvre de tous. La principale est l’eucharistie – triomphe
de l’amour de Dieu vivifiant. Mais le plus étonnant dans l’œuvre du p. Jean est
le succès de son appel au repentir : « Vous
ne voyez pas vos péchés ? Priez Dieu afin qu’Il vous les révèle. Notre péché
principal est de ne pas nous sentir pécheurs, de ne ressentir aucune gratitude
ni amour envers Dieu » disait-il. C’est dans ce domaine que les exploits du
p. Jean ont été les plus spectaculaires. Sa vision du monde trouve son
aboutissement dans l’amour du prochain, le pardon et la miséricorde, la charité
absolue. Malgré une popularité extraordinaire, couvert d’honneurs et de
récompenses, disposant d’un bateau et d’un wagon pour ses déplacements,
recueillant des sommes considérables, le p. Jean a su rester humble. Lors d’un
entretien, à la question : « Mais que faites vous donc pendant votre temps
libre ? » le p. Jean répondit : « Je
prie, je prie constamment, je ne sais même pas comment passer le temps sans prier.
En vérité la prière est la respiration de l’âme". Il servait Dieu joyeusement : "La tristesse, dira-t-il plus tard,
est une apostasie et la mort du coeur."
L’héritage du père Jean de Cronstadt 1829-1908
Par l’archiprêtre Wladimir Yagello
orthodoxie.typepad.com
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