9.7.13

JEAN CASSIEN (360-435)






Jean Cassien est un pont entre l'Orient et l'Occident. Il fut à la fois le disciple des moines du désert d'Égypte (et particulièrement Évagre) et de saint Jean Chrysostome. C'est dans ses écrits que nous trouvons l'un des plus anciens témoignage concernant la prière perpétuelle à partir d'une phrase courte : il associe l'enseignement des Pères grecs à la pratique ascétique des pères égyptiens. Opposé à Augustin sur la doctrine de la prédestination et de la liberté humaine, sa place fut minorée dans l'Église catholique malgré l'influence décisive qu'il eut sur des personnalités aussi importantes que saint Dominique et même Thomas d'Aquin. Au sein de l'Église orthodoxe, c'est au contraire Jean Cassien et non Augustin, qui représente la juste foi des Pères : le salut n'est possible que par la synergie de la volonté humaine et divine.
Jean Cassien est né au IVe siècle (vers 360/365) dans l'actuelle Roumanie. Lors d'un séjour au désert de Scété en Égypte, il prend conscience de l'insuffisance de l'enseignement qu'il avait reçu jusqu'alors dans les monastères. On lui avait appris à renoncer au monde et inculqué quelque enseignement dans la lutte contre les passions, mais non pas à s'élever jusqu'à l'union intime avec Dieu.
Cassien vécut la fin de sa vie à Marseille, en France. C'est de là qu'il va transmettre à l'Occident l'enseignement pratique et ascétique qu'il reçut en Égypte.
Cassien défendait l'existence d'une certaine forme de libre arbitre présent avant l'Incarnation : l'image de Dieu en l'homme était obscurcie mais non pas détruite.
« On ne doit pas penser que Dieu ait créé lhomme de telle façon quil ne puisse jamais accomplir, ni même vouloir le bien. Sinon il ne lui aurait pas concédé le libre arbitre sil ne lui avait donné que de pouvoir et vouloir le mal, mais non, de lui-même le bien » (Coll. 13, 12).
Selon Cassien, la grâce ne détruit pas le libre arbitre, mais le soutient :
« Faisons une comparaison avec lincomparable bonté de notre créateur, par un exemple humain. Il ne sagit pas dy trouver une égale tendresse, mais quelque ressemblance avec sa bienveillance. Une mère aimante et attentive garde longtemps son petit enfant sur les genoux ; elle lui apprend enfin à marcher ; à la vérité, elle lui permet dabord de ramper. Puis, elle le met debout, le soutenant de la main droite pour quil sexerce à faire des pas successifs. Bientôt, elle le lâche un peu, le reprenant aussitôt si elle le voit tituber. Sil vacille, elle le retient ; sil tombe, elle le redresse, ou lempêche de saffaler, ou encore le laisse doucement tomber pour le relever après sa chute. Cependant, sa force saffermit au cours de lenfance, de ladolescence, et de la jeunesse. Elle lui fait alors porter des poids, sexercer à des travaux qui ne le fatigueront pas et lui permet de se mesurer à ses compagnons. Combien plus notre Père céleste distingue-t-il celui quil doit porter dans sa grâce et celui qui, en sa présence, sexercera à la vertu par le choix de sa libre volonté ; tout en secourant celui qui peine, en exerçant celui qui linvoque, il nabandonne pas celui qui le cherche, et parfois le retire du danger, même à son insu » (Coll. 13, 14).
Fidèle à l'enseignement de saint Jean Chrysostome, Jean Cassien défend la nécessité d'une synergie entre la volonté de l'homme et de Dieu :
« Dès que Dieu a perçu en nous le moindre germe de bon vouloir, il verse en lui sa lumière, laffermit, nous attirant au salut, faisant grandir cette semence, soit quil lait semée lui-même, soit quil lait vu pousser par notre effort » (Coll. 13, 8).

wikipedia: Hesychaste

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