4.10.13

NOUVEAU MIRACLE AU MONASTÈRE D'IVIRON



Icône de la Portaïtissa d'Iviron, Mt Athos


(...) Je crus être une attention particulière de la Mère de Dieu. Cet immense monastère [Iviron, Mont Athos], situé à une demi-heure de marche de Stavronitika, renfermait une icône miraculeuse que l'on portait en procession lors des grandes fêtes mariales. La Portaïtissa datait de l'époque byzantine, mesurait environ deux mètres de haut et devait peser dans les cent kilos. Il fallait par conséquent se mettre à trois ou quatre pour la soulever. La procession avait lieu au petit jour, après une agrypnie, nuit complète de chants et de prières.
Je n'étais pas encore très habitué à ce genre de performance ascétique lorsque, tenant à peine debout, on plaça sur mon épaule et sur celle d'un autre novice l'icône gigantesque! Sur le moment, je crus que j'allais m'effondrer mais, par fierté sans doute, je relevai le défi. Hélas, au bout de cinquante mètres, ma force m'abandonna. Sur le point de trébucher me vint à l'esprit une prière qu'Ambroise [moine d'Iviron] m'avait apprise: "Plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins, toi qui, sans perdre ton intégrité, as enfanté Dieu le Verbe, tu es vraiment Mère de Dieu, nous te magnifions!" Soudain, je ne sentis plus le poids sur mes épaules et crus même un instant qu'on m'en avait retiré l'icône. Elle n'avait pas bougé d'un centimètre et, cependant, ne pesait plus rien; mieux, je n'avais plus le sentiment de la porter mais au contraire d'être porté par elle! Je ne touchais plus le sol et il fallut que mes compagnons me ralentissent tellement j'avançais vite. Je portai ainsi l'icône miraculeuse plusieurs kilomètres sans la moindre fatigue. La grâce passait donc par les pieds!   

Alain Durel, philosophe
in "La presqu'île interdite", Initiation au Mont Athos, éd. Albin Michel

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