Sept pas qui préfigurent tout son destin.
Il y a une mosaïque parmi celles de Saint-Sauveur-in-Chora, l’un des plus beaux exemples d’églises byzantines à Istanbul, une que l’on remarque moins que les autres, un peu comme une photo d’enfance oubliée dans un album ancien, et cette image en dit plus long que toutes peut-être sur la manière de raconter une vie humaine.
Cette mosaïque, c’est celle des sept premiers pas de la Vierge Marie que l’on a sous les yeux.
Minuscule, hésitante, les bras en avant, une fillette s’aventure des bras de sa mère à ceux de son père.
Bien sûr, la tradition hagiographique reconnaît aussitôt Anne et Joachim. Mais à quoi bon le rappeler ici ? La scène est d’une telle grâce qu’il n’y a que ces pas dans la lumière qui comptent.
Ces pas d’une enfant, croira-t-on, sont ceux de tous les enfants du monde quand ils apprennent à marcher.
Mais ils ne sont pas tout à fait les mêmes : sept comme les futures sept douleurs de la Vierge, les sept « glaives » qui ont transpercé son cœur, ils préfigurent tout son destin avant même qu’elle ait fait son chemin.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Chancelante et confiante, elle remet sa marche entre les mains de son père placé devant elle. Une enfant, au fond, à l’image de notre humanité à tous.
Pascal Dethurens, professeur de littérature comparée à l’université de Strasbourg.
seraphim-marc-elie.fr
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