3.12.10

LA LUMIÈRE LUIT DANS LES TÉNÈBRES (Jean 1,5)






Les Evangiles ne mentionnent pas la grotte, c’est la Tradition qui nous parle de ces profondeurs mystérieuses de la terre. L’icône suit de près les textes liturgiques et en donne l’interprétation la plus bouleversante : le triangle sombre de la grotte, cette ouverture ténébreuse de ses entrailles, est l’enfer. Pour toucher l’abîme et devenir « cœur de la création », le Christ situe mystiquement sa naissance au fond du gouffre où le mal croupit dans son ultime densité. Le Christ est né à l’ombre de la mort, la Nativité incline les cieux jusqu’aux enfers, et nous contemplons, couché dans la crèche, « l’Agneau de Bethléem qui a vaincu le serpent et donné la paix au monde ».

En dehors de la grotte, revêtue de la pourpe royale, la Basilissa – la Reine Theotokos – est étendue. Epuisée, elle repose sa tête sur sa main et son regard est perdu dans la contemplation de l’Evangile du salut : « elle conservait toutes ces paroles et les repassait dans son cœur » (Luc 2,19)
Mère, elle se détourne pourtant de l’enfant ; tous, elle nous accueille et reconnaît en nous la naissance de son enfant, et en même temps elle est présentée dans sa valeur propre : fleur de la plante humaine, elle est celle en qui toute l’humanité a prononcé le fiat. Ève nouvelle, Mère de tous les vivants, c’est pour tous qu’elle a formulé son fiat et c’est pourquoi elle figure l’Eglise. Elle a répondu par la fidélité humaine à la fidélité divine de la promesse

Paul Evdokimov, théologien orthodoxe
in " L'art de l'icône: théologie de la vision"

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