29.10.11

ÉGLISE D'ORIENT, ÉGLISE D'OCCIDENT, suite et fin.



Icône "Nikopeia" 11° s.,  initialement à Constantinople,
exportée à St.Marc, Venise, 1204

Le concile d'Éphèse a montré ce qu'était déjà, à sa date, la piété du peuple chrétien et de toute l'Église envers la Theotokos.  Le mouvement ne cesse de s'amplifier au cours des générations suivantes. En ce qui concerne les fêtes liturgiques, Jérusalem et la Palestine sont naturellement au point de départ, mais Constantinople, et avec elle l'Empire d'Orient tout entier, adoptent l'une après l'autre leurs innovations. (...) La fête de la Nativité de la Vierge est célébrée dès la fin du siècle, pour celle de sa Dormition la date du 15 août, que nous avons conservée,  est étendue à tout l'empire.
Ces développements liturgiques s'accompagnent d'une intense production littéraire qui connaîtra son apogée aux 7° et 8° siècles. Hymnes, homélies expriment une dévotion envers la Vierge toujours plus consciente de ses profondes racines dogmatiques, avec un enthousiasme, une chaleur, une ferveur audacieuse d'un accent singulièrement prenant. Sous cette forme - celle de la poésie , la mariologie byzantine apparaît de plusieurs siècles en avance sur celle de l'Occident latin: c'est au 12° siècle que celle-ci la rejoindra et viendra la relayer.
De toutes les formes de la piété orientale, la plus significative, vu l'avenir qui l'attend, est le culte des saintes images ou icônes dont on enregistre les premiers témoignages au cours du 5° siècle et qui prend un brusque essor dans la dernière partie du 6°, avec et après Justin II (565-578).
Sans doute depuis ses origines (nous le saisissons à partir des années 230) l'art chrétien, en cela héritier de la Synagogue hellénisée, avait développé une iconographie religieuse et représenté des types ou scènes empruntés à l'Écriture sainte sur les murs de ses monuments. Ces représentations, en dehors de leur fonction décorative ou pédagogique, possédaient déjà une valeur certaine de sacralisation.

Henri-Irénée Marrou, 1904-1977, chaire d'Histoire ancienne du christianisme, Paris-Sorbonne
in "L'Église de l'Antiquité tardive (303-604)" édit. Seuil

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