27.10.11

ÉGLISE D'ORIENT, ÉGLISE D'OCCIDENT, ... suite



Église Saint-Sauveur-in-Chora, Istanbul


La liturgie proprement byzantine finira, au cours du Moyen-Âge, par éliminer les autres rites de langue grecque. Au cours des 5° et 6° siècles, nous voyons s'introduire progressivement toute une série d'innovations qui vont peu à peu lui modeler un visage original. (...)
On voit s'affirmer de plus en plus chez les Byzantins, et cela nous éloigne de la sévère sobriété du rite romain, le goût de la pompe, du faste, de la splendeur, dont le développement accompagne celui, parallèle, du cérémonial de la cour de Constantinople. Cette somptuosité était certainement accrue dans les grands sanctuaires par le caractère imposant du cadre architectural.  Les 5° et 6° siècles ont été en Orient une époque de grande création artistique. Ces grandes églises reçoivent un décor de plus en plus luxueux: marbres des pavements, mosaïques des parois et des voutes.
Faute de notation, nous ne pouvons plus aujourd'hui réaliser l'importance du rôle confié à la musique; nous avons, du moins, accès aux paroles de la poésie liturgique et paraliturgique, laquelle se rattache au nom de saint Romain le Mélode, originaire de Syrie: les Kontakia, et encore l'hymne akathiste à la Mère de Dieu, mais dont la date et l'auteur restent indéterminés.
Outre sa valeur intrinsèque, cette littérature religieuse présente un grand intérêt historique: c'est par elle que nous pouvons le mieux entrer en contact avec la piété byzantine et retrouver sa ferveur et sa richesse. Quelle fausse image se ferait-on de la vie intérieure de cette église d'Orient si on ne retenait de son histoire que les seules querelles théologiques, si arides parfois dans leur caractère technique!
Cette piété s'est développée en prolongeant les lignes tracées par le 4° siècle: même vénération pour les martyrs et les saints, même confiance dans leur intercession, leurs pouvoirs miraculeux, même pratique des pèlerinages consacrés par la présence de leurs reliques.
Au sein de la vénération commune qui entoure ces derniers, celle dont est l'objet la mère du Christ a pris un relief qui lui assure une place suréminente.
(À suivre...)

Henri-Irénée Marrou, 1904-1977, chaire d'Histoire ancienne du christianisme, Paris-Sorbonne
in "L'Église de l'Antiquité tardive (303-604)" édit. Seuil

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