Les monastères de femmes furent nombreux en Russie dès l’époque moscovite (13°-15° siècles). Mais nous sommes très mal renseignés sur eux. Les moniales russes n’ont eu ni leur Thérèse d’Avila, ni même leur saint Basile de Césarée pour écrire à leur place. Ce silence s’explique par la condition humiliée de la femme dans l’ancienne Russie. Du reste beaucoup de monastères féminins y avaient une finalité essentiellement sociale. Ils servaient d’institution de prévoyance et d’asile aux filles non mariées et aux veuves de la noblesse.
L’urgence d’un monachisme russe instruit et spirituellement formé fut ressentie en particulier aux 18° et 19° siècles par les grands starets russes Séraphim de Sarov et Ambroise d’Optima.
À la veille de la Révolution de 1917 un monachisme féminin vivant, traditionnel tout en explorant des voies nouvelles, crée des monastères et rassemble des femmes souvent très cultivées. Ce fait pourrait expliquer qu’il ait mieux survécu aux conditions difficiles de l’émigration que son homologue masculin.
(...)
Il existe encore aujourd’hui des moines et des moniales en Russie. Cependant les conséquences de la Révolution d’octobre 1917 ont été dramatiques. On pouvait craindre que le monachisme n’ait totalement disparu. L’après-deuxième guerre mondiale a vu la résurrection de quelques monastères, mais leur nombre est toujours resté très limité et les autorités civiles ont tout fait pour freiner leur recrutement. Il est difficile, voire impossible, de préciser le nombre actuel des communautés monastiques ni celui des hommes et des femmes qui ont prononcé des vœux. Cependant le nombre de ceux et celles vivant soit près d’une paroisse soit incognito dans le monde est certainement assez élevé.
Des voies nouvelles se cherchent en secret, réalisant peut-être la vision prophétique entrevue au 19° siècle d’un monachisme intérieur, vécu héroïquement au cœur d’un monde sécularisé.
Aimé Solignac 1917-2007, prêtre,
membre de l'Institut des sources chrétiennes au CNRS
membre de l'Institut des sources chrétiennes au CNRS
In « Le monachisme, histoire et spiritualité », en ligne
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