LE CHRISTIANISME RUSSE aux 11ème et 12ème s.: LE RITUALISME

Saint Hilarion de Meglin, vers1080-1164
évêque, primat de Russie

L'autre dimension du jeune christianisme russe est le ritualisme. Le peuple russe a cherché un ordre total dans la vie de l'Église, dans le cadre à la fois pacifiant et incarné du rituel ecclésiastique qui, à travers coutumes et traditions, s'irradie dans toute la vie Cet idéal est celui d'une discipline spirituelle capable de donner à la vie une mesure et une beauté religieuses, à l'homme un comportement humble et digne animé par une responsabilité consciente envers Dieu et le prochain.

Toutefois le ritualisme russe sera souvent tenté par une religion de l'observance et de la loi, où l'esprit de l'Ancien Testament l'emportera sur celui de l'Evangile. Tentation d'autant plus forte qu'aux 11ème et 12ème siècles  des courants d'immigration introduisent des peuples judaïsés qui se contentent de pratiquer les prescriptions légales de l'Ancien Testament, leur influence s'en trouvant facilitée. C'est pourquoi l'épiscopat, saint Hilarion, le seule métropolite du 11ème siècle qui soit d'origine russe en premier chef, ne cesse de mettre en garde les fidèles contre le "péché de judaïsme", c'est-à-dire le ritualisme excessif et l'identification de l'orthodoxie avec la réalité nationale.

Prophétiquement, il situe sa jeune Eglise dans le grand courant de la mission.

Olivier Clément, 1921-2009, théologien orthodoxe, engagé dans l'oecuménisme

in L'essor du christianisme oriental, éd. Desclée de Brouwer