12.4.12

LE LIEU DU MYSTÈRE DU SALUT



Femmes porteuses de myrrhe au tombeau
           fin 15ème s. Russie du Nord


Entre la descente aux enfers et l'apparition du Christ ressuscité se place un mystère entouré de silence, absolument inaccessible au regard humain.
Le plus souvent les icônes montrent deux anges vêtus de blanc, l'un à la tête, l'autre au pied du tombeau, qui disent aux femmes: Il n'est point ici; il est ressuscité Luc 24, 6. À la fin, il ne reste de l'enfer que les bandes mortuaires, des débris, la poussière, le néant; la Vie est ailleurs.
La contemplation de l'icône initie à son symbolisme d'une rare profondeur. Au temps de Moïse, l'Arche de l'Alliance était recouverte d'une planche d'or massif, le propitiatoire ( c.à.d. qui opère l'expiation). Selon le rituel, il était interprété comme l'endroit où Dieu entrait en communion avec son peuple pour lui pardonner, d'où le nom de Tente de la Rencontre. Suivant les ordres de Dieu, Moïse avait fait placer un chérubin à l'une des extrémités et le second à l'autre pour protéger le lieu. L'iconographe a reproduit exactement le propitiatoire et a livré ainsi la clef de la correspondance. Le propitiatoire et la Tente de la Rencontre étaient des figures symboliques, elles prophétisaient le lieu où le Mystère du salut s'accomplirait. Sa puissance a fait du seul lieu un témoignage si fort que l'apôtre vit et crut  Jean 20, 8.
Les femmes porteuses de myrrhe s'éloignent avec une grande joie et Jésus vient à leur rencontre et sa première parole est Réjouissez-vous  Luc 6, 23.
L'esprit Saint fait évanouir les ténèbres de la mort, la crainte du jugement, le gouffre de l'enfer. Sa Lumière transforme la nuit pascale en "Festin de la Joie". Une homélie de saint Jean Chrysostome dit: "Le Seigneur est généreux, Il reçoit le dernier comme le premier, Il admet l'ouvrier de la onzième heure, comme celui qui a travaillé dès la première heure... Entrez donc tous dans la joie de votre Maître: les premiers comme les derniers, riches et pauvres, jubilez ensemble... Que nul ne regrette sa pauvreté, que nul ne pleure ses fautes, que nul ne craigne la mort... Le festin est prêt; participez-y tous. Que tous se délecte au banquet de la joie..."

Paul Evdokimov, 1901-1970, théologien orthodoxe
in L'Art de l'Icône - théologie de la vision, éd. Desclée de Brouwer

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