1.9.12

LES DÉMUNIS QUE NOUS SOMMES








Quand un moine prie, il ne fait pas "sa" spiritualité. Il s'efforce de se mettre à la hauteur de "la" spiritualité. Pour la plus grande grâce de tous. Car, quand il y parvient, il réalise ce que le Christ est venu réaliser dans le monde. Réconcilier Dieu et l'homme. Et donc changer la nature humaine.  Un moine travaille sur l'être, l'être divin travaillant sur lui. Doucement. Dans l'intime. Si plus personne ne priait dans la solitude, la nature divine de l'humanité ne ne trouverait plus à s'incarner. Nous serions encore plus pauvres que nous ne le sommes. Le moine qui prie donne, de ce fait, à foison aux démunis ontologiques que nous sommes.
Il arrive que des chrétiens ne le comprennent plus. Ils pensent que l'Église fera faire des progrès à l'humanité en priant moins et en agissant plus auprès des pauvres. C'est oublier qu'il n'y a pas que la pauvreté économique. La misère morale, ontologique et spirituelle existe aussi.  C'est faire l'erreur de vouloir mettre l'Église dans le monde et non le monde dans l'Église. Le mont Athos est donc bien à sa place quand il laisse venir le monde à lui, au lieu d'aller vers le monde. Faisant entrer le monde dans la beauté, il redonne sa couronne au monde.

Plerinage au Mont Athos
by Bertrand Vergely, philosophe et théologien, professeur à l'Institut Saint-Serge, Paris

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