25.11.12

L'ÉTAT DE PRIÈRE



Seraphim de Sarov, fin 18ème s.
Monastère Andronikov du Sauveur, Moscou


Le matin, s'étant levé longtemps avant le jour, Jésus sortit, s'en alla dans un lieu désert, et là il priait" (Marc 1,35). 
Le "désert", chez les ascètes s'intériorise et signifie la concentration d'un esprit recueilli et silencieux. C'est à ce niveau, où l'homme sait se taire, que se place la vraie prière et que l'être est mystérieusement visité. Pour entendre la voix du Verbe, il faut savoir écouter son silence, l'apprendre surtout. L'expérience des Maîtres est catégorique: si l'on ne sait pas faire dans la vie une place au silence, il est impossible d'arriver à un degré plus élevé; ce degré nous rend conscient qu'une partie de notre être est submergé dans l'immédiat, se trouve constamment en souci ou dispersé, et qu'une autre partie de nous-même l'observe avec étonnement et compassion.
Le recueillement ouvre l'âme vers le haut, mais aussi vers l'autre. Saint Séraphim de Sarov le précise admirablement: la vie contemplative ou active, cette interrogation a quelque chose d'artificiel, la question n'est pas là, la vraie question est celle du coeur, de sa dimension - est-il cet écrin immense dont parle Origène, capable de contenir Dieu et tous les hommes, dans ce cas, dit saint Séraphim: "acquiers la paix intérieure et une multitude d'hommes trouveront leur salut auprès de toi".

Paul Evdokimov, 1901-1970, théologien orthodoxe, professeur à l'Institut Saint-Serge, Paris
in Les âges de la vie spirituelle, éd. Desclée de Brouwer

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