14.6.13

DIADOQUE DE PHOTICÉ, évêque de 467 à 474



Pantocrator cyrillique


Saint Diadoque de Photicé (Épire, Balkans) fut, selon le mot de Meyendorf *, " l'un des grands popularisateurs de la spiritualité du désert dans le monde byzantin ". Évêque de Photicé en Épire, au Ve siècle, il participa au concile de Chalcédoine en 451. Il y défend l'union de la nature humaine et divine dans le Christ Jésus. Il s'opposa par ailleurs au messalianisme. Contre les messaliens, il affirma l'insuffisance de la seule prière dans la voie de l'union à Dieu et la nécessité de la participation aux saints sacrements.
Selon saint Diadoque de Photicé, la grâce nous est déjà donnée par le baptême, la communion, mais la pratique de la prière nous permet d'actualiser notre ressemblance avec Dieu, de l'amener à sa perfection :
« Tous les hommes, nous sommes à l'image de Dieu (Genèse, 1,27). Mais être à la ressemblance est le propre de ceux-là seuls qui, par beaucoup d'amour, ont asservi à Dieu leur liberté. Quand, en effet, nous ne sommes pas à nous-mêmes (1 Corinthiens 6:19), alors nous sommes semblables à Celui qui nous a réconciliés avec Lui (2 Corinthiens 5,18) par amour. »
« Par le baptême de la nouvelle naissance, la sainte grâce nous accorde deux biens, dont l'un surpasse infiniment l'autre. Mais le premier, elle nous le donne tout de suite : car elle nous renouvelle dans l'eau même et fait briller tous les traits de l'âme, c'est-à-dire l'image de Dieu, en effaçant tous les plis de notre péché. Quant à l'autre, elle attend de le mettre en oeuvre avec nous : c'est la ressemblance. »
« La grâce cache sa présence chez les baptisés, dans l'attente du propos de l'âme : quand l'homme tout entier s'est tourné vers le Seigneur, alors, avec un sentiment indicible, elle manifeste sa présence au cœur... Là- dessus, si l'homme commence à avancer par l'observation des commandements et invoque sans trêve le Seigneur Jésus, alors le feu de la grâce divine s'étend même aux sens extérieurs du cœur. »
Diadoque de Photicé, à la pratique de la prière continuelle dont Jean Cassien nous donnait l'un des premiers témoignages, associe le Nom de Jésus. Le souvenir du Nom devient le centre même de cette prière continuelle.
« Lintellect exige absolument de nous, quand nous fermons toutes ses issues par le souvenir de Dieu, une œuvre qui doive satisfaire son besoin dactivité. Il faut donc lui donner le "Seigneur Jésus" comme la seule occupation qui réponde entièrement à son but. Personne en effet, est-il écrit, ne dit "Jésus est Seigneur", si ce nest dans lEsprit-Saint (1 Co 12, 3). Mais quen tout temps il contemple si exclusivement cette parole dans ses propres trésors quil ne se détourne vers aucune imagination. Tous ceux, en effet, qui méditent sans cesse dans la profondeur de leur cœur, ce saint et glorieux Nom, ceux-là peuvent aussi voir enfin la lumière de leur propre intellect. Car, maintenu avec un soin étroit par la pensée, il consume, dans un sentiment intense, toute la souillure qui couvre la surface de l’âme ; et en effet, Notre Dieu, est-il dit, est un feu dévorant (Dt 4, 24). Par suite, désormais, le Seigneur sollicite l’âme à un grand amour de sa propre gloire. Car lorsquil persiste, par la mémoire intellectuelle, dans la ferveur du cœur : ce Nom glorieux et si désirable implante en nous lhabitude den aimer la bonté sans que rien désormais ne sy oppose. Cest là en effet la perle précieuse quon peut acheter en vendant tous ses biens, pour jouir, à sa découverte, dune joie ineffable. »
Cette invocation, soutenue par l'aide surnaturelle de la grâce, doit pouvoir se faire même pendant le sommeil :

« Car elle porte alors cette grâce qui médite avec l'âme et appelle avec elle "Seigneur Jésus Christ" comme une mère apprendrait à son fils et répéterait avec lui le nom "Père" jusqu'à ce que, au lieu de tout autre langage enfantin, elle le rende capable d'appeler clairement son père, même pendant son sommeil »

wikipedia

* Jean Meyendorff: 1926-1992, prêtre orthodoxe et théologien de renom


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