Pantocrator cyrillique |
Saint Diadoque
de Photicé (Épire, Balkans) fut, selon le mot de Meyendorf *,
" l'un des grands popularisateurs de la spiritualité du désert dans le monde byzantin ". Évêque de Photicé en Épire, au Ve siècle, il participa au concile de Chalcédoine en 451. Il y défend l'union de la nature humaine et
divine dans le Christ Jésus. Il
s'opposa par ailleurs au messalianisme. Contre les messaliens, il affirma
l'insuffisance de la seule prière dans la voie de l'union à Dieu et la nécessité de la participation aux saints sacrements.
Selon saint
Diadoque de Photicé, la grâce nous est déjà donnée par le baptême, la communion, mais la pratique de la prière nous permet d'actualiser notre
ressemblance avec Dieu, de l'amener à sa perfection :
« Tous les hommes, nous sommes à l'image de Dieu (Genèse, 1,27). Mais être à la ressemblance est le propre de ceux-là seuls qui, par beaucoup d'amour, ont
asservi à Dieu leur liberté. Quand, en effet, nous ne sommes pas à nous-mêmes (1 Corinthiens 6:19), alors nous sommes semblables à Celui qui nous a réconciliés avec Lui (2 Corinthiens 5,18) par amour. »
« Par le baptême de la nouvelle naissance, la sainte grâce nous accorde deux biens, dont l'un
surpasse infiniment l'autre. Mais le premier, elle nous le donne tout de suite
: car elle nous renouvelle dans l'eau même et fait briller tous les traits de l'âme, c'est-à-dire l'image de Dieu, en effaçant tous les plis de notre péché. Quant à l'autre, elle attend de le mettre en oeuvre avec nous :
c'est la ressemblance. »
« La grâce cache sa présence chez les baptisés, dans l'attente du propos de l'âme : quand l'homme tout entier s'est tourné vers le Seigneur, alors, avec un
sentiment indicible, elle manifeste sa présence au cœur... Là- dessus, si l'homme commence à avancer par l'observation des commandements et invoque
sans trêve le Seigneur Jésus, alors le feu de la grâce divine s'étend même aux sens extérieurs du cœur. »
Diadoque de
Photicé, à la pratique de la prière continuelle dont Jean Cassien nous donnait l'un des
premiers témoignages, associe le Nom de Jésus. Le souvenir du Nom devient le
centre même de cette prière continuelle.
« L’intellect exige absolument de nous, quand nous fermons
toutes ses issues par le souvenir de Dieu, une œuvre qui doive satisfaire son besoin d’activité. Il faut donc lui donner le "Seigneur Jésus" comme la seule occupation
qui réponde entièrement à son but. Personne en effet, est-il écrit, ne dit "Jésus est Seigneur", si ce n’est dans l’Esprit-Saint (1 Co 12, 3). Mais qu’en tout temps il contemple si exclusivement cette parole
dans ses propres trésors qu’il ne se détourne vers aucune imagination. Tous ceux, en effet, qui
méditent sans cesse dans la profondeur
de leur cœur, ce saint et glorieux Nom, ceux-là peuvent aussi voir enfin la lumière de leur propre intellect. Car, maintenu
avec un soin étroit par la pensée, il consume, dans un sentiment intense, toute la
souillure qui couvre la surface de l’âme ; et en effet, Notre Dieu, est-il dit, est un feu dévorant (Dt 4, 24). Par suite, désormais, le Seigneur sollicite l’âme à un grand amour de sa propre gloire.
Car lorsqu’il persiste, par la mémoire intellectuelle, dans la ferveur
du cœur : ce Nom glorieux et si désirable implante en nous l’habitude d’en aimer la bonté sans que rien désormais ne s’y oppose. C’est là en effet la perle précieuse qu’on peut acheter en vendant tous ses biens, pour jouir, à sa découverte, d’une joie ineffable. »
Cette
invocation, soutenue par l'aide surnaturelle de la grâce, doit pouvoir se faire même pendant le sommeil :
« Car elle porte alors cette grâce qui médite avec l'âme et appelle avec elle "Seigneur Jésus Christ" comme une mère apprendrait à son fils et répéterait
avec lui le nom "Père"
jusqu'à ce que, au lieu de tout autre langage
enfantin, elle le rende capable d'appeler clairement son père, même pendant son sommeil »
wikipedia
* Jean Meyendorff: 1926-1992, prêtre orthodoxe et théologien de renom
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