12.9.14

LA FÉMINITÉ DANS L'ORTHODOXIE



Vierge de tendresse "eleousa" de Vladimir


La féminité est importante dans l’orthodoxie, même si le débat sur la place de la femme existe aussi. Mais Marie échappe un peu à cela. Sa féminité remplit l’espace. Dans l’iconographie d’abord : les vierges miraculeuses sont très présentes et nombreuses. Les vierges de Kazan et de Vladimir sont des icônes très répandues. Dans l’hymnographie aussi, la Vierge est citée de multiples fois et de multiples manières. Toutes les prières sont ponctuées par la salutation de saint Paul : « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit », et la prière qui suit cette invocation, après « et maintenant et toujours et pour les siècles des siècles, amen », est toujours dévolue à la Vierge. Cela s’appelle « dogmatikon », qui veut dire : « sur le dogme ». Le premier dogme de l’orthodoxie est l’Incarnation et la Résurrection. Cette prière s’appuie sur l’histoire de Marie.
Dans un office, il y a une centaine d’invocations à la Vierge. Selon la fête en question, on chante sa naissance, sa virginité, sa pureté, son oui, son intercession, sa bonté, sa féminité, sa maternité. Tous ces aspects de la vie de Marie sont très riches et l’imagination poétique permet d’aller dans toutes les directions, selon tous les modèles littéraires. L’orthodoxie est donc imprégnée de féminité. Jus-qu’aux coupoles russes et grecques, dont l’architecture tout en rondeur a quelque chose de très maternel et féminin.
Pourquoi une telle place donnée au féminin ? Parce que l’être humain a besoin de la tendresse féminine, maternelle, charnelle. Nous avons une icône magnifique de la Vierge de tendresse qui parle particulièrement à la sensibilité russe, parce qu’elle porte en elle un besoin de pureté. Dans l’iconostase, l’icône du Christ est à droite et celle de la Vierge à l’enfant à gauche. Elle est celle qui a dit oui...

Véronique Lossky, professeur émérite à l'université Paris IV
in i-book Marie, ed. Bayard

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