9.3.11

LA LUMIÈRE POUR TOUTE COULEUR



Mère de Dieu "Pelagonitissa",
début 15ème s., Sinaï

Il n’y a jamais de source de lumière sur les icônes car la lumière est leur sujet, on n’éclaire pas le soleil. On peut même dire que la contemplation de la Transfiguration enseigne à tout iconographe qu’il peint beaucoup plus avec la lumière qu’avec les couleurs. Même en termes techniques, le fond d’or de l’icône s’appelle lumière, et la méthode picturale, la clarification progressive. En traitant un visage, l’iconographe le recouvre d’abord d’un ton sombre; ensuite il met par-dessus une teinte plus claire obtenue par l’addition au mélange précédent d'une certaine quantité d’ocre jaune, c’est-à-dire de lumière. On répète plusieurs fois cette superposition de tons de plus en plus illuminés. Ainsi l’apparition d’une figure suit une progression qui reproduit la croissance en l’homme de la lumière. Les nimbes qui entourent les têtes des saints sur les icônes ne sont point des signes distinctifs de leur sainteté, mais le rayonnement de la luminosité de leurs corps.
Les saints iconographes apprennent à " jeûner par les yeux" et s’y préparent par une longue ascèse de prière, ce qui marque le passage de l’art à l’art sacré.

Paul Evdokimov, théologien orthodoxe
In "Théologie de la Gloire-Lumière"

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