Les iconographes sont les grands maîtres du dessin. Le sens mystique seul ne remplace nullement la science accomplie des formes et des couleurs. Les contours sont clairs et purs et d'une netteté extrême. Ils varient la ligne à l'infini mais celle-ci reste toujours maximalement précise; le tracé "continu" s'associe au rythme. Un cercle noir appuyé détache du contexte et souligne la valeur propre de la figure.
Maîtres en composition, ces artistes sont poètes et chantres en coloris. Les couleurs radieuses et exultantes ne sont jamais ni ternes ni sombres. Toute couleur est portée à son extrême saturation et offre une gamme chromatique pleine. Sauf quelques-unes (l'or, le pourpre, le bleu azur), elles peuvent changer suivant le thème, l'école et le sens de la composition. Elles frappent, deviennent sonores et étonnent par leur densité joyeuse. Elles semblent résonner comme des verres de cristal sous le choc léger d'un doigt invisible. La matière colorée des bleus profonds et des rouges ardents - ceux d'une flamme en plein embrasement -, se mêle à une radiation qui nous ouvre l'invisible.
Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel constituent une véritable mystique solaire. Les tons bleu pâle, rouge vermeil, vert clair, pistache, outre-mer, pourpre ou écarlate forment de multiples nuances qui correspondent et, dans leur chatoiement infini, reflètent la lumière divine.
Paul Evdokimov, 1901-1970,
professeur de théologie orthodoxe
in "L'art de l'icône: art divin", éd. Desclée de Brouwer
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