16.8.11

ÉVANGÉLISATION ET CIVILISATION



Texte religieux, écorce de bouleau 16 cm., 1075-1100, Novgorod
À quelques exceptions près, les relations sont bonnes avec Constantinople et les métropolites d'origine grecque se révèlent des guides efficaces du peuple russe dans l'Orthodoxie.
À partir du 11° siècle la mission orthodoxe passe de Byzance à la Russie: protégée par les princes, mais surtout rayonnée par les moines, dans une attitude de présence d'abord contemplative et liturgique parmi les païens. Dès le début, les missionnaires s'adressent aux peuples de race jaune aussi bien qu'aux Slaves, inaugurant la prodigieuse carrière évangélisatrice de l'Église russe.
Au 12° siècle, tandis que la Russie de Kiev tombe dans l'anarchie, Novgorod, qui vit à l'écart des disputes princières, évangélise peu à peu les Finnois, les Tchoudes* et les Karéliens**, jusqu'à la mer Blanche.

Ainsi la spiritualité orthodoxe s'est implantée en Russie avec ses deux pôles: la vie liturgique importante pour la christianisation du peuple, et la vie monastique, avec ses dimensions complémentaires d'amour communautaire et de solitaire contemplation. Le monachisme va assumer en Russie un rôle inséparablement missionnaire et civilisateur qu'il n'avait pas à Byzance. Beaucoup de moines - et donc les évêques obligatoirement recrutés parmi eux - seront peintres ou copistes; moins qu'en Occident, mais d'une manière analogue, ils répandront les lettres classiques.

* Tchoudes: Nom donné par les Russes du Moyen Âge aux tribus finnoises, et spécialement à celles qui étaient voisines de la Baltique et de la mer Blanche
**Les Karéliens sont un peuple d'Europe du Nord vivant en Karélie, région comprise entre la mer Baltique à l'ouest et la mer Blanche à l'est.

Olivier Clément, théologien orthodoxe,
in "L'essor du christianisme oriental" éd. Desclée de Brouwer

Aucun commentaire: