SAINT VLADIMIR ET LE CHOIX DE LA FOI

Saint Vladimir , 958-1015
Grand prince de Kiev

Les Russes - les Rhôs de la chronique byzantine - sont des Slaves établis sur la grande voie fluviale entre mer Noire et Scandinavie, et encadrés par des Scandinaves, les Varègues, en voie de slavisation. En 860 ils attaquent Constantinople et sont repoussés - dit la tradition - grâce à une intervention de la Vierge qui recouvre la cité de son manteau de miséricorde: fait étrange, les Grecs ont oublié cette "intercession", mais l'Église russe la célèbre toujours avec ferveur le 1er octobre, fête du "Pokrov" (protection).  Ces ennemis de l'empire deviendront de grands serviteurs de l'Église sous l'impulsion de missionnaires envoyés à Kiev par saint Pothius. Ce premier évêché de Kiev disparaît en 882-883 lors d'une réaction païenne, cependant il y a désormais des chrétiens en terre russe. Et les relations avec la Bulgarie, depuis la conversion en 954 de la princesse Olga, grand-mère de saint Vladimir, favorisent l'évangélisation par conversions personnelles en milieu hostile. Ainsi Saint Vladimir aurait fait "le choix de la foi", termes exprimant une vérité profonde, et sur le conseil de ses envoyés mandés chez les musulmans, les juifs, les Latins, les Grecs et à Constantinople, ( "sur la terre on ne retrouve pas pareille beauté" ), il aurait opté pour  le christianisme sous sa forme byzantine. 

Dans ce choix la Russie ne s'est liée ni à l'Orient - musulman ou judaïsant - ni à l'Occident, comme les Slaves de Bohême et de Pologne: elle a ouvert à l'Orthodoxie, enfermée entre l'Islam et la Chrétienté romaine, le grand chemin d'une mission nouvelle vers le nord. Elle ne sera ni d'Orient ni d'Occident, mais un des lieux de leur rencontre...

Après Kiev se convertissent Rostov, Souzdal et Novgorod. la Bulgarie transmet à la nouvelle Église la liturgie en langue slave favorisant ainsi la christianisation du peuple. 

Au 11° siècle, les relations avec Constantinople se stabilisent.

Olivier Clément, théologien orthodoxe,
in "L'essor du christianisme oriental" éd. Desclée de Brouwer