24.10.11

ART SACRÉ SERBE, 13° SIÈCLE



Thomas l'incrédule, 13° s.,
Ohrid, Macédoine

Au 13° siècle, la seule puissance orthodoxe restée pleinement indépendante est la Serbie, et c'est dans cette Serbie du 13° siècle que s'épanouit l'art sacré de l'Orthodoxie paralysé à Constantinople par l'occupation latine, en Russie par les invasions mongoles.
Ce grand art serbe ne peut se ramener à une simple transition au sein de l'art byzantin. Sa plénitude, son équilibre, la douceur fluide de ses couleurs évoquent plutôt une rencontre heureuse  avec l'Occident. La Serbie du 13° siècle en effet multiplie les échanges avec la Dalmatie vénitienne et l'Italie. Tout en sauvegardant l'Orthodoxie dans les Balkans, elle se montre tolérante, garantit la liberté de culte des catholiques du littoral adriatique... C'est à Pisano, Cimabue, voire Giotto que font songer les grandes fresques serbes; il ne s'agit pas d'une influence mécanique, mais d'un contact vivant, de convergences, parfois d'anticipations. Une Orthodoxie créatrice y assume le sens occidental de l'humain... L'architecture des grands monastères serbes combine de manière significative la coupole byzantine et des nefs, des absides, voire des sculptures romanes. le gothique est ignoré, sauf pour quelques éléments décoratifs, sans doute parce que son espace - non plus présence mais élan - est partiellement étranger au génie de l'Orthodoxie.

Olivier Clément, 1921-2009
Docteur en théologie orthodoxe,
in " L'essor du christianisme oriental", éd. Desclée de Brouwer

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