15.12.11

LA CROIX ET LE CROISSANT 2ème partie



La cathédrale Sainte-Sohie, Istanbul,
devenue mosquée en 1453

LA PRISE DE CONSTANTINOPLE

La prise et le sac de Constantinople par les armées de Mahomet II en 1453 furent l'une des grandes catastrophes dans l'histoire de la chrétienté. En 1456, Athènes tomba à son tour et le Parthénon qui avait été, durant mille ans, une église chrétienne dédiée à la Vierge ( παρθένος = la jeune fille), devint une mosquée, comme Sainte Sophie de Constantinople. De 1459 à 1463, les Turcs s'emparèrent des derniers vestiges de l'Empire grec et les deux États orthodoxes serbes succombèrent à leur tour. L'Empire ottoman s'étendit sur l'ensemble de l'Orient chrétien, à la seule exception de la Russie qui, au contraire, se libérait justement du joug mongol et devenait ainsi pour plusieurs siècles le soutien principal de l'orthodoxie en Orient.
Sous le régime turc, l'Église put cependant conserver l'ensemble de sa structure administrative, laquelle fut même consolidée par des privilèges  accordés par le conquérant au patriarche oecuménique de Constantinople. Le patriarche, chef de la nation chrétienne, faisait dorénavant figure de régent d'un empire asservi.
Ce système de privilèges, tel qu'il fut créé par les Turcs, garantissait l'indépendance de l'Église chrétienne. Il était cependant fondé sur une notion que l'islam avait en commun avec le judaïsme: l'identification totale du "peuple de Dieu" avec une entité sociologique concrète. D'une part, l'islam groupant tous les fidèles d'Allah et de son prophète, et, d'autre part, les fidèles de Jésus. Ce régime eut pour conséquence de cantonner les chrétiens dans un ghetto. Toute mission extérieure, toute évangélisation leur devint impossible. En Orient, seule l'Église russe serait en état de poursuivre l'évangélisation des non-chrétiens.


Jean Meyendorff, 1926-1992, prêtre orthodoxe, écrivain
professeur au Saint Vladimir Seminary, New York,
in L'Église orthodoxe hier et aujourd'hui, éd. Seuil


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