26.1.12

LE MONACHISME ORIENTAL 5ème-6ème siècles




Monastère Saint-Jeorge, désert de Juda, Palestine, 5ème s.


Aux 5ème et 6ème siècles, le monachisme oriental se développe remarquablement. C'est vrai de l'Éthiopie, où la Vie de saint Antoine et la Règle de saint Pacôme ont été parmi les premiers livres traduits; c'est vrai de la Mésopotamie, de l'Arménie, de la Géorgie... Les moines sont partout dans les provinces orientales, de l'Égypte, qui les a vus naître et qui reste un foyer toujours actif, jusqu'à la Thrace plus tardivement touchée.
À côté des anachorètes que sont les stylites, les reclus, les boskoi qui ne se nourrissent que d'herbe et de racines, on rencontre aussi le cas plus général des moines vivant en communautés. Celles-ci présentent une grande diversité: il n'y a pas de règle unique et chaque monastère suit le régime établi par son fondateur. On distingue cependant deux types principaux: le coenobion, pleinement communautaire, comme chez saint Pacôme ou saint Basile, et la laura, où ceux des moines qui en ont été jugés dignes, après une période probatoire, mènent une vie solitaire, passant les cinq premiers jours de la semaine dans leur cellule ou en ermitage et se rassemblant le samedi et le dimanche pour la célébration liturgique.
Les plus célèbres de ces fondations ont été les laures dans les ravins du désert de Juda ainsi que la Grande Laure (473) qui subsiste encore aujourd'hui.
L'influence du monachisme des premiers siècles s'est aussi exercée au profit de l'orthodoxie: saint Saba, et déjà saint Euthyme avant lui, ont été fermement attachés au concile de Chalcédoine et c'est sans doute à leur action qu'est dû le fait que la Palestine et ses moines en particulier ont été moins généralement contaminés par l'hérésie ou le schisme monophysite * que le reste de l'Orient, de la Syrie à l'Égypte.
Ainsi mêlés à toutes les grandes querelles théologiques qui ont agité l'Église de leur temps, les moines orientaux ont eu aussi leurs problèmes propres.

*Les monophysites affirment que le Fils n'a qu'une seule nature et qu'elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. En cela le monophysisme s'oppose au nestorianisme, doctrine qui affirme que deux personnes coexistaient en Jésus-Christ, l'une humaine, l'autre divine.

Henri-Irénée Marrou, 1904-1977, Normalien
Professeur d'histoire ancienne du christianisme, Sorbonne
in L'Église de l'Antiquité tardive 303-604, éd. Points

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