5.1.12

LES PHARES DE L'ÉGLISE (à suivre) - 2 - JUSTIN DE ROME





En 72, peu après la prise de Jérusalem, Justin naît en Samarie dans une famille grecque et païenne. Il racontera, dans son ouvrage le plus célèbre - le Dialogue avec Tryphon -, sa difficile recherche de la sagesse qu'il s'interdit de séparer de la philosophie [...] Par chance un platonicien intervient: le sens profond de la philosophie n'est autre que de connaître Dieu.  Survient un vieillard "d'un caractère doux et grave" qui lui démontre que le Christ est le seul Dieu auquel puisse conduire Platon. Devenu chrétien, il ne quitte pas le manteau du philosophe.[...]
Les Écritures sacrées sont, pour Justin, celles des juifs. Les chrétiens ont eu raison de se les approprier. Elles sont "l'incontestable vérité" puisque Dieu parle en elles. Quand aux juifs, elles leur sont désormais fermées puisque ceux-ci ne croient pas en Jésus. Justin: " Donc, tout ce qui est bon en quoi que ce soit, cela nous appartient, à nous les chrétiens; en effet, celui que nous adorons et que nous aimons après Dieu, c'est le Logos issu de Dieu inengendré et indicible, d'autant qu'il est devenu homme à cause de nous afin de nous soigner en participant à nos passions." Au juif Tryphon, avec lequel il est censé s'entretenir, il affirme que les passages relatifs à la venue du Christ "sont déposés dans vos écritures". Il se reprend: "Non pas dans les vôtres, mais dans les nôtres". [...]  Son rayonnement irrite de plus en plus ses adversaires. On le dénonce au pouvoir romain. Jusqu'au bout, il réitère l'expression d'une certitude inébranlable: l'enseignement de Jésus-Christ triomphera.
On le décapite.

Alain Decaux, écrivain de l'Académie française
in La Révolution de la Croix, éd. Perrin


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Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit – 
Le Christ a affirmé être lui-même la vérité, non pas la coutume  (De virgin. vel. 1, 1).
On notera à ce propos que le mot consuetudo qu’emploie ici Tertullien en se référant à la religion païenne, peut se traduire dans les langues modernes par les expressions « habitude culturelle, mode du temps ».
En un temps comme le nôtre, marqué par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion, y compris dans le dialogue inter-religieux, il y a là une leçon à ne pas oublier. Pour cela je vous propose les dernières paroles du vieillard rencontré par le philosophe Justin sur le rivage de la mer :
"Il te faut prier avant tout pour que les portes de la lumière s’ouvrent pour toi, car personne ne peut voir ou entendre, à moins que Dieu et son Christ ne lui accordent de comprendre" (Dialogue avec Tryphon 7, 3).

Benoît XVI, Saint Justin, philosophe et martyr
traduction Frère Michel Taillé
in La Documentation catholique, en ligne

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