Preuve des interférences qui se produisent souvent alors dans la chrétienté, on retrouve l'Asiate Irénée, né à Smyrne vers 140, devenu évêque à Lyon où il mourra vers 202. Il est fils de parents chrétiens et aimera à évoquer une jeunesse fervente: à quinze ans, avec d'autres de son âge, il s'asseyait près de l'évêque Polycarpe pour l'entendre évoquer ses entretiens avec l'évangéliste Jean. Parmi les Pères, Irénée est l'un des rares qui, par l'intermédiaire d'une seule personne, ait accueilli la parole d'un apôtre de Jésus.
"Nous-mêmes, écrira-t-il, l'avons vu dans notre prime jeunesse - car il vécut longtemps - et c'est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie. Or il enseigna toujours la doctrine qu'il avait apprise des Apôtres, doctrine qui est aussi celle que l'Église transmet et qui est la seule vraie."
Il tient à apprendre la langue des Gaulois qui l'entourent et consacre une infatigable acivité à son ministère. Les hérésies qui gagnent la vallée du Rhône vont bientôt l'obséder. Elles mettent non seulement en péril le pouvoir des évêques mais leur crédibilité. Irénée publiera son "Exposé et réputation de la fausse gnose" (titre original: Adversus haereses), pour régler leur compte aux hérésies. Il y avance cet argument pratiquement imparable:
"Les hérétiques sont tous postérieurs aux évêques, à qui les Apôtres ont transmis les Églises, et les manifestations de leur doctrine sont différentes et forment une véritable cacophonie. Mais la voie de ceux qui sont de l'Église, entourant le monde entier et gardant ferme la tradition des Apôtres, nous montre chez tous une même foi et une même forme d'organisation".
Alain Decaux, écrivain de l'Académie française
in La Révolution de la Croix, éd. Perrin
in La Révolution de la Croix, éd. Perrin
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