L’icône de l’Epiphanie représente symboliquement le baptême du Christ au Jourdain, et illustre également certains textes scripturaires concernant le rôle de l’eau comme instrument et de la création du monde, et du salut de l’humanité.
Traversant la croûte terrestre, le Christ pénètre dans un « tombeau liquide », ce trou noir, lieu du « schéol » ou séjour des morts. Son baptême est essentiellement un passage dans la mort et la résurrection, comme le sera, à sa suite, notre propre baptême. De plus, l’entrée du Christ dans le Jourdain a déclenché une véritable Pentecôte personnelle, la première manifestation du Dieu trinitaire.
On peut faire, de l’icône, d’abord une lecture verticale : la déchirure du ciel, toujours en arc de cercle, annonce la présence du Père qui désigne le Fils : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection. Mat 3, 18, et laisse filtrer le triple rayon, avec la colombe à mi-course, porteuse de l’amour du Père envers le Fils, comme de l’amour du Fils envers le Père. La colombe nous reporte au début de la Genèse, où l’Esprit se mouvait sur les eaux à l’aube de la création, tout comme ici, elle descend à l’aube de la création d’une humanité nouvelle.
Une lecture horizontale de l’icône est également possible. Elle part de la tête de saint Jean, qui résume à lui seul la présence de l’humanité. A droite, le monde céleste et angélique, les trois anges aux mains voilées en signe d’adoration. Au milieu, enfin, le Christ, qui, d’un geste, bénit l’univers aquatique, au point de croisement, sur un plan horizontal, des mondes humain et angélique, et, vertical, du ciel, de la terre et de l’enfer. Tous les éléments de la création sont ainsi rassemblés, réunis, en vue de l’œuvre du salut.
Michel Evdokimov, archiprêtre de l'Archevêché de l'Église orthodoxe en Europe occidentale
In Lumière d’Orient, éd. Droguet et Ardant, Paris 1981
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Les icônes de la Théophanie sont la reproduction fidèle des textes évangéliques relatant le baptême du Christ dans le Jourdain. Tout le dogme y est présent, évident.
L’Occident connaît la fête de l’Epiphanie, c’est-à-dire la manifestation, l’apparition de Dieu au monde dans la personne des rois mages. Pour l’Orthodoxie, l’Epiphanie serait plutôt la Nativité. Jusqu’au 4°siècle d’ailleurs, la Nativité et la Théophanie se célébraient en même temps (ce qui est encore le cas dans l’Eglise arménienne grégorienne). Ce témoignage de l’Eglise primitive est toujours présent dans l’Orthodoxie, car les douze jours séparant les deux fêtes apparaissent liturgiquement comme une seule solennité, une sorte d’extension du temps que les Russes nomment d’ailleurs sviatki – “les saints jours”. Par Son baptême, c’est véritablement Dieu qui Se manifeste au monde, Dieu dans Sa plénitude, Un et Trine. « Dans Sa Nativité, le Fils de Dieu vint au monde de façon cachée, dans Son Baptême, Il apparaît de façon manifeste » (saint Jérôme). Ailleurs, saint Jean Chrysostome explique : « L’apparition n’est pas la fête de la Nativité, mais celle du Baptême. C’est par Son Baptême et non par Sa naissance qu’Il S’est manifesté au monde. Avant le Baptême, Il était inconnu du peuple ».
Paroisse orthodoxe Saint-Martin, Tours, en ligne
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