16.2.12

LA PIÉTÉ ORIENTALE






Ce qui frappe le plus profondément, c'est le caractère essentiellement liturgique de la piété orthodoxe. Le sens communautaire, particulièrement développé de la plupart des peuples orientaux, s'harmonise d'ailleurs avec cette attitude et la favorise. Depuis le Moyen-Âge, toute la piété orientale est restée centrée sur l'essentiel et rend un son d'authenticité chrétienne extrêmement profond. La piété personnelle s'exerce d'elle-même dans le cadre liturgique dont elle jaillit.
L'hymne acathiste à la Mère de Dieu qui correspond, de fait, assez bien au chapelet avec sa série d'invocations, est plus théologiquement construite et traduit à merveille l'atmosphère de louange qui enveloppe la Mère de Dieu.
La prière de Jésus elle-même, que nous avons vue apparaître dans le monde monastique et que l'on appelle aussi prière du coeur est, à la bien regarder, une prière essentiellement liturgique. À qui ne connaît pas l'Orient chrétien, il pourrait sembler que cette prière, apparemment individualiste, privée, soit totalement distincte de la spiritualité à base liturgique et sacramentelle. Il n'en est rien, cependant, car ce qui importe ce n'est pas tant la fréquence, plus ou moins grande, avec laquelle on reçoit les sacrements, mais la façon dont tout se vit habituellement dans une ambiance liturgique réalisée par l'office, les icônes, la présence du Christ étant donnée par l'invocation de son Nom, véritable résumé de l'initiation liturgique.

Marie-Joseph Le Guillou,  Prêtre dominicain, théologien, écrivain
In L'orthodoxie grecque et russe, éd. Parole et Silence

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