20.2.12

L'ICÔNE GÉORGIENNE, XI-XIII ème s.



Nicéphorius III et maria d'Anania


Si l'on considère le style de l'icône géorgienne, on est frappé par plusieurs traits typiques qui n'apparaissent pas sur les revêtements byzantins. Il s'agit tout d'abord d'un sens très sûr de la forme sculptée qui manquait aux Grecs, et d'une longue tradition du métal travaillé et repoussé*. Ces qualités ont permis à l'artiste de créer des figures saillantes qui se détachent clairement sur le fond, et de donner du volume aux corps et aux visages des personnages.  Aussi ceux-ci sont-ils regroupés là où ils ne masquent pas les formes anatomiques, notamment sur les manches et au bas des tuniques. Malgré les petites surfaces qu'offre le cadre, les plis forment des ondulations en cascade. Les connaissances anatomiques du ciseleur, ainsi que son habileté à représenter correctement des personnages en mouvement témoignent non seulement d'une éducation artistique d'un très haut niveau, mais aussi d'une connaissance approfondie de l'art de la renaissance dite des Paléologues**. Ainsi, la multiplication des personnages, leur attitude et les éléments qui constituent leur entourage ne sont pas obligatoires lorsqu'il s'agit d'un champ si réduit. Un autre trait typique de la peinture des Paléologues présent dans de nombreuses scènes sont les architectures importantes et parfois réalistes qui creusent l'espace par des lignes fuyantes.

Ici, dans cette icône dite de l'Ascension, les figures du Christ et de la Vierge orante sont surdimensionnées par rapport à celle des apôtres, ce qui rappelle le culte particulier que l'on vouait à la Vierge en Géorgie en tant que protectrice du pays.


Tania Velmans, directeur de recherche sur l'art byzantin au CNRS
in La Périphérie orientale du Monde Byzantin, éd. Hazan

* Métal repoussé: La feuille de métal est travaillée sur l'envers du décor pour repousser les reliefs, puis sur l'endroit afin de faire ressortir les formes définitives.
** Paléologues: Dynastie byzantine de 1262 à 1453

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