21.2.12

RENAISSANCE DANS L'ART DE L'ICÔNE, XIIIème - XIVème s.



Vision d'Eséchiel et Habacuc,
14ème s., Sofia


La renaissance dite des Paléologues commence dès les années trente du 13ème siècle dans la peinture murale, lorsqu'un rapprochement assez spectaculaire avec les modèles de l'Antiquité tardive se fait sentir en Thessalonique et à Pèc en Albanie. 
Quelques décennies plus tard ce mouvement d'une grande ampleur touche la peinture d'icônes. Ce bouleversement est dû à divers facteurs convergeants: l'humiliation de la prise de Constantinople (1453), les Byzantins déclarant le patrimoine culturel de la Grèce antique comme leur appartenant en propre; une vague d'hellénisme faisant  de Nicée la nouvelle Athènes où l'idéal ascétique cède la place à une nouvelle conception de l'homme parfait;  l'activité artistique des Croisés à Constantinople qui permet aux Byzantins de repenser leur propre esthétique afin de trouver du travail de décoration dans les nombreux monastères et églises, fondés notamment par les souverains de Serbie.
Dans la peinture d'icône, les contours appuyés du 12ème siècle sont remplacés par le modelé. De ce fait les personnages, épaules, cou, tous les traits du visage acquièrent du volume. 
Au 14ème siècle, qui est aussi une période d'essor artistique malgré la pauvreté et la faiblesse de l'Empire, le goût de la narration s'accentue dans les épisodes évangéliques, les personnages ont tendance à se multiplier et à perdre en épaisseur; ils deviennent plus élancés et plus fragiles, le passage de l'ombre à la lumière se fait plus doux et progressif que dans le passé.
Sur l' icône ci-dessus, un paysage souriant, composé par une terrasse de rochers et un lac poissonneux s'étend aux pieds du Christ jeune, en majesté et encadré par les quatre animaux de l'Apocalypse. Le prophète Ezéchiel, au corps robuste et aux gestes vifs, est figuré à gauche, tandis qu'un jeune prophète (Habacuc?) est assis sur la rive opposée et tient un livre ouvert. L'eau ondule et forme des vagues grâce à l'exploitation habile de l'ombre et de la lumière indiquées par des traits extrêmement fins de tons différents, de manière à s'interpénétrer mutuellement.

D'après Tania Velmans, directeur de recherche sur l'art byzantin au CNRS
in Le style de l'icône et la règle constantinopolitaine, éd. Hazan

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