24.7.12

HAGIA SOPHIA - LA SAINTE SAGESSE (suite)



Mosaïque du Christ Pantocrator, 6ème s.,
Sainte-Sophie, Istanbul

On ignore les noms  des peintres et des mosaïstes byzantins. Ils participent à l'anonymat de l'Esprit. Comme lui, ils se sont effacés dans la transparence des visages. L'Esprit est donateur de vie; eux sont ceux qui, par leur art, savent "écrire" cette vie.
Mais on connaît les noms des architectes de Sainte-Sophie, Anthémios de Tralles et Isidore de Milet. Moins architectes d'ailleurs qu'ingénieurs et techniciens célèbres dans une civilisation profane. Ingénieurs de la Sagesse, et la Sagesse, pour les Byzantins du 5ème siècle, c'est le Logos, le Verbe fait chair.
Sainte-Sophie est l'expression la plus prégnante des grandes élaborations théologiques que précisa, à la même époque, le 5ème concile oecuménique, réuni à Constantinople. Il s'agissait de suggérer quel est le contenu de la rencontre, en Christ, de Dieu et de l'humanité: Ce contenu, c'est la lumière qui déifie la chair. C'est la grâce du Saint-Esprit. L'Esprit abolit l'extériorité, cet esclavage du monde déchu. Il est lui-même l'intériorité de tout ce qui existe, la Vie de la vie.  Les architectes, ingénieurs de la divino-humanité, ont fait de Sainte-Sophie un filtre qui capte et retourne la lumière, l'identifie à celle du Thabor, de sorte qu'elle ne nous soit plus extérieure. 

Olivier Clément, 1921-2009, théologien orthodoxe
in "Le Pèlerin immobile", éd. Anne Sigier

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