Mosaïque du Christ Pantocrator, 6ème s., Sainte-Sophie, Istanbul |
On ignore les noms des peintres et
des mosaïstes byzantins. Ils participent à l'anonymat de l'Esprit. Comme lui,
ils se sont effacés dans la transparence des visages. L'Esprit est donateur de
vie; eux sont ceux qui, par leur art, savent "écrire" cette vie.
Mais on connaît les noms des architectes de Sainte-Sophie, Anthémios de
Tralles et Isidore de Milet. Moins architectes d'ailleurs qu'ingénieurs et
techniciens célèbres dans une civilisation profane. Ingénieurs de la Sagesse, et la Sagesse, pour
les Byzantins du 5ème siècle, c'est le Logos, le Verbe fait chair.
Sainte-Sophie est l'expression la plus prégnante des grandes élaborations
théologiques que précisa, à la même époque, le 5ème concile oecuménique, réuni
à Constantinople. Il s'agissait de suggérer quel est le contenu de la
rencontre, en Christ, de Dieu et de l'humanité: Ce contenu, c'est la lumière
qui déifie la chair. C'est la grâce du Saint-Esprit. L'Esprit abolit
l'extériorité, cet esclavage du monde déchu. Il est lui-même l'intériorité de
tout ce qui existe, la Vie de la vie.
Les architectes, ingénieurs de la divino-humanité, ont fait de
Sainte-Sophie un filtre qui capte et retourne la lumière, l'identifie à celle
du Thabor, de sorte qu'elle ne nous soit plus extérieure.
Olivier Clément, 1921-2009, théologien orthodoxe
in "Le Pèlerin immobile", éd. Anne Sigier
in "Le Pèlerin immobile", éd. Anne Sigier
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