28.8.13

DE L'HINDOUISME AU CHRISTIANISME






(...) Contrairement à l'expérience sensationnelle de l'extase hindoue que j'avais éprouvée à l'ashram, je ne sentis rien de particulier, n'eus aucune vision, n'entendis aucune voix. Pourtant ce fut la minute la plus importante de ma vie. Le langage ne peut décrire ce qui le dépasse infiniment. Cet éveil fut d'une sobriété exemplaire, d'un calme souverain, d'une sérénité parfaite. Pas d'image, pas de pensée, pas même d'expérience, rien que la certitude absolue, joyeuse et paisible de la présence de l'Esprit Saint qui procède du Père et resplendit dans le Fils. Si l'on veut un autre nom pour exprimer cet éveil, il n'en est pas de meilleur que celui, trop galvaudé, de "foi".
En cette minute, je crus, non pas au sens d'une croyance intellectuelle, je crus, ou peut-être faudrait-il dire je sus que Jésus était Seigneur.
Après une telle révélation, mon objectif était maintenant d'être initié aux "saints mystères" et cela au plus vite. L'aventure athonite [ du Mont Athos] avait donc ébranlé tous mes préjugés sur le christianisme. J'avais vu l'Église comme Olivier Clément la décrit, lieu d'un perpétuel mouvement d'ascension et de pentecôte unissant le ciel et la terre, lieu où l'Esprit Saint manifestait la chair de l'Éternel au coeur du monde.
Mais ma nouvelle vision du christianisme était-elle objective? J'ignorais tout de ce que pouvait être une paroisse, des fidèles, les exigences morales d'une vie chrétienne ordinaire. Pourtant, à l'ashram, j'avais été plongé dans la gloire de l'infini, une main invisible m'ayant ensuite conduit sur la Sainte Montagne pour mr révéler le Nom de Dieu.
De retour en France, je me rendis à l'ashram de Swami Ritajananda et lui expliquai que, si je devais être moine, cela ne pourrait être désormais qu'au sein de l'Église. Non seulement il ne m'en tint pas rigueur mais, me prenant à part afin de ne pas scandaliser ses disciples, me félicita de ce choix, arguant que les Européens avaient tort de s'encombrer l'esprit de mots sanskrits ou tibétains alors qu'ils étaient assis sur un véritable trésor spirituel. Je saluai ce maître décidément très sage et pris le chemin de Paris où m'attendait le prêtre russe  que le moine Nicolas avait prévenu de ma visite.

Alain Durel, docteur en philosophie, écrivain
in "La presqu'île interdite - Initiation au Mont Athos", éd. Albin Michel

Alain Durel présente son livre:
http://youtu.be/klEACWzwPAw

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