Le chant liturgique est
complémentaire de l’icône et il tient une très grande place dans la liturgie.
L’homme est particulièrement sensible à ce qu’il entend, et la musique exerce
sur lui une influence très grande, tant sur son esprit que sur son corps. L’Église,
reprenant les usages de l’Ancien Testament (les Psaumes, par exemple, sont
avant tout des prières chantées), a toujours utilisé le chant dans ses
célébrations. Elle a ainsi créé un univers sonore apte à élever l’esprit de
l’homme en le pacifiant, pour l’ouvrir à la contemplation des mystères
célébrés.
Le chant liturgique répond à des
exigences précises, en tous points comparables à celles qui gouvernent
l’iconographie. Il ne vise pas à exprimer des sentiments ou des émotions
humaines ; comme l’icône, il a pour but d’ouvrir l’esprit de l’homme à la
présence de Dieu, en lui faisant oublier les soucis de ce monde pour s’élever
vers son Créateur. L’usage des instruments de musique est proscrite dans
l’Église orthodoxe. Seule la voix humaine est apte à louer Dieu. D’autant que
les textes des chants priment sur la mélodie, celle-ci n’en est que le support,
même si à certains moments de la célébration le chant finit par n’être plus
qu’une mélodie pure.
Le chant crée une harmonie de
sons s’unissant à l’harmonie des couleurs et des formes au sein de l’édifice
liturgique. Mais l’aspect rythmique en est tout aussi important. Le rythme du
chant doit se greffer sur celui de la célébration et sur les gestes des
célébrants, en soulignant les moments importants ou en créant des temps de
transition nécessaires au déroulement de la liturgie. Cet aspect rythmique est
très important car il contribue à créer l’atmosphère particulière de la
liturgie. Sensible aux sons et aux couleurs, l’homme l’est également aux
rythmes. Le rythme liturgique tend avant tout à pacifier les fidèles, en les
appelant à rentrer en eux-mêmes pour participer le plus profondément possible à
la prière commune.
Ce sens du rythme et de la
mélodie se retrouve jusque dans la lecture des textes bibliques, comme les
psaumes, l’Épître et l’Évangile. Ces lectures ne sont jamais une déclamation
comme le ferait un acteur de théâtre ; il sont lus selon un mode propre,
sans jamais laisser place à la moindre émotion. Le lecteur, comme le chantre,
le célébrant ou le peintre d’icône, ne cherche pas à exprimer ses propres
sentiments. Tout au contraire, il masque sa personnalité pour faire place à
l’inspiration de l’Esprit, afin de laisser libre cours à la parole de Dieu
elle-même. Celle-ci doit seule entrer dans le coeur des fidèles sans
qu’interfère la personnalité du lecteur, de la même manière que celle de
l’iconographe doit s’effacer le plus possible lorsqu’il peint.
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