4.9.13

LE CHANT : LOUANGE DE DIEU






Le chant liturgique est complémentaire de l’icône et il tient une très grande place dans la liturgie. L’homme est particulièrement sensible à ce qu’il entend, et la musique exerce sur lui une influence très grande, tant sur son esprit que sur son corps. L’Église, reprenant les usages de l’Ancien Testament (les Psaumes, par exemple, sont avant tout des prières chantées), a toujours utilisé le chant dans ses célébrations. Elle a ainsi créé un univers sonore apte à élever l’esprit de l’homme en le pacifiant, pour l’ouvrir à la contemplation des mystères célébrés.
Le chant liturgique répond à des exigences précises, en tous points comparables à celles qui gouvernent l’iconographie. Il ne vise pas à exprimer des sentiments ou des émotions humaines ; comme l’icône, il a pour but d’ouvrir l’esprit de l’homme à la présence de Dieu, en lui faisant oublier les soucis de ce monde pour s’élever vers son Créateur. L’usage des instruments de musique est proscrite dans l’Église orthodoxe. Seule la voix humaine est apte à louer Dieu. D’autant que les textes des chants priment sur la mélodie, celle-ci n’en est que le support, même si à certains moments de la célébration le chant finit par n’être plus qu’une mélodie pure.
Le chant crée une harmonie de sons s’unissant à l’harmonie des couleurs et des formes au sein de l’édifice liturgique. Mais l’aspect rythmique en est tout aussi important. Le rythme du chant doit se greffer sur celui de la célébration et sur les gestes des célébrants, en soulignant les moments importants ou en créant des temps de transition nécessaires au déroulement de la liturgie. Cet aspect rythmique est très important car il contribue à créer l’atmosphère particulière de la liturgie. Sensible aux sons et aux couleurs, l’homme l’est également aux rythmes. Le rythme liturgique tend avant tout à pacifier les fidèles, en les appelant à rentrer en eux-mêmes pour participer le plus profondément possible à la prière commune.
Ce sens du rythme et de la mélodie se retrouve jusque dans la lecture des textes bibliques, comme les psaumes, l’Épître et l’Évangile. Ces lectures ne sont jamais une déclamation comme le ferait un acteur de théâtre ; il sont lus selon un mode propre, sans jamais laisser place à la moindre émotion. Le lecteur, comme le chantre, le célébrant ou le peintre d’icône, ne cherche pas à exprimer ses propres sentiments. Tout au contraire, il masque sa personnalité pour faire place à l’inspiration de l’Esprit, afin de laisser libre cours à la parole de Dieu elle-même. Celle-ci doit seule entrer dans le coeur des fidèles sans qu’interfère la personnalité du lecteur, de la même manière que celle de l’iconographe doit s’effacer le plus possible lorsqu’il peint.

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